Police : au fait, le Taser, comment ça marche ?

Taser (photo d'illustration).
Taser (photo d'illustration). | Max PPP
Après deux ans d'expérimentation, il a été autorisé pour la police nationale et la gendarmerie en 2006. Et, en mai dernier, un décret a finalement autorisé les policiers municipaux, après avoir été spécifiquement formés, à en être aussi équipés.

Après de nombreux cas de décès suspects, aux Etats-Unis notamment (où les modèles utilisés diffèrent), le pistolet à impulsion électrique, plus souvent appelé Taser, reste controversé. Et, bien qu'à l'heure actuelle, il soit impossible d'établir un lien formel entre le décès de cet homme et cette arme, la mort d'un homme qui aurait reçu plusieurs décharges, lundi, dans les Hauts-de-Seine, relance la polémique.

Arme de défense de 4e catégorie à létalité réduite, le Taser X-26, le plus utilisé actuellement par les policiers (il y a environ 5.000 pistolets actuellement en France) permet, à distance, la neutralisation temporaire d'une personne ou d'un animal.

Contrairement aux anciens modèles, le plus récent, qui date de 2006, est équipé d'une caméra. "L'enregistrement de la caméra numérique se déclenche lors de l'utilisation du Taser ce qui permet de connaître les conditions du tir et son intensité" nous explique un policier.

Mais comment ça marche, au fait, un Taser ? Le Post revient sur une cette arme qui suscite tant de réactions.


1. comment c'est fait ?


Comparé aux anciens modèles plus imposants, le Taser X-26 est plus fin, plus maniable, et sa forme se rapproche davantage de celle d'une arme de poing. Et, surtout, différence notoire : il est équipé d'une caméra et d'un système d'enregistrement complet, près de la batterie, en bas de crosse.

Le Post s'est procuré un document de formation présentant ce pistolet à impulsion électrique. Co-réalisé par le BAPP (bureau des activités physiques professionnelles), la DFPN (direction de la formation de la police nationale), et estampillé par le ministère de l'Intérieur, il comporte notamment la description suivante :



2. comment ça fonctionne ?



Lors du tir, qui s'accompagne d'une faible détonation, la cartouche positionnée en bout de canon du pistolet s'expulse. Elle comporte deux sondes, et leurs filins respectifs sont envoyés à une vitesse de 50 mètres par seconde. Une fois la cible atteinte, le pistolet libère une onde électrique de 2 milliampères pour 50.000 volts, qui bloque le système nerveux central (les signaux normaux des fibres nerveuses sont bloquées).

"La personne visée est alors immobilisée, tétanisée, ce qui permet de l'interpeller" nous indique un autre policier.

Issu du même document, le schéma ci-dessous montrant l'extrêmité du canon permet de comprendre la position des sondes et leur mouvement :




"Quand on tire, les petits pics du Taser vont s'accrocher dans les vêtements de la personne" nous explique un policier.

Une puce électronique, placée près du viseur, gère quant à elle l'intensité et la fréquence des impulsions lors du tir.

Selon trois modèles de cartouches différents, cette arme permet de tirer à trois distances : 6,40 m, 7,60 m et 10, 60 m. Un policier réagit : "Au-delà de 10 mètres, ça ne sert à rien, la cible ne sera pas atteinte".


3. comment ça s'utilise ?


Toujours selon le même document de formation, le pistolet à impulsion électrique peut être utilisé de deux manières : en mode "contact", qui se traduit par une neutralisation par sensation de douleur, ou en mode "tir", qui se traduit, cette fois, par une perte de contrôle du système locomoteur.

Des zones sont à privilégier lors des tirs : les cuisses, les avant-bras et le haut du torse. A éviter particulièrement : le visage, le cou et les parties intimes. "On vise quand même plutôt le buste, le ventre, pour que les fils s'accrochent" s'accordent toutefois à nous dire plusieurs policiers.

Suite à une utilisation à distance et une fois la situation sous contrôle, ce même document nous apprend qu'il est aussi conseillé de retirer les sondes et d'informer la personne des effets possibles du Taser, tout en lui ménageant une phase de récupération. "Et en lui assurant une surveillance constante" rajoute un policier.

Lors d'une utilisation à distance, en cas de contrôle particulièrement difficile par plusieurs policiers, précise toujours le même document, le pistolet à impulsion électrique peut être utilisé à bout portant au niveau de la zone corporelle la plus accessible. "On ne l'utilise pas à bout portant, ça ne l'est pas là qu'il est efficace" rétorque encore un policier sur Le Post.


3. et la loi dans tout ça ?



L'usage du pistolet à impulsion électrique, assimilable à l'emploi de la force, doit principalement s'inscrire dans le cadre de la légitime défense, "la menace d’une agression éventuelle ne saurait justifier une riposte préventive" précise encore ce même document.

Le même document de la DFPN rappelle aussi que son utilisation soit rester "en tout état de cause strictement nécessaire et proportionné", soit dans les cas suivants : en cas de crime ou de flagrant délit et dans le cadre d'un état de nécessité.


Vendredi 3 décembre, on apprend que le Conseil d'Etat a annulé un arrêté d'août 2009 classant trois modèles d'armes d'autodéfense de la marque Taser en 4e catégorie. Le Taser X-26, toutefois, n'est pas concerné.

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