Comment concevoir un émetteur première partie : la théorie

Après vous avoir appris comment réaliser des oscillateurs HF, nous vous expliquons ici comment augmenter la puissance de ces signaux faibles avec des étages amplificateurs HF. Cette leçon vous montrera que, pour transférer sans perte excessive le signal HF prélevé sur le collecteur d’un transistor amplificateur, il est nécessaire d’adapter l’impédance élevée du collecteur à la faible impédance de la base. Pour transférer le signal HF prélevé sur le collecteur d’un étage final vers l’antenne émettrice, il est également nécessaire d’adapter son impédance élevée à la valeur d’impédance du câble coaxial : 50 ou 75 ohms. Adapter deux valeurs différentes d’impédance n’est pas difficile car, vous l’apprendrez bientôt,  il  suffit  de  tourner  l’axe  des  condensateurs  ajustables  se trouvant  dans  le  filtre  adaptateur  d’impédance  jusqu’à  trouver  la capacité correspondant au niveau de signal de sortie HF maximal. Cette leçon proposera, dans sa seconde partie, de construire un petit émetteur AM pour la gamme des 27 MHz : nous verrons, entre autres, comment régler les condensateurs ajustables pour une parfaite adaptation aux diverses  impédances  et  nous  vous  apprendrons  à  calculer  un  filtre passe-bas qui, appliqué à la sortie de l’émetteur, empêchera toutes les fréquences harmoniques d’atteindre l’antenne émettrice.
La  plus  grande  aspiration d’un  jeune  passionné d’électronique est de réussir à réaliser un émetteur de moyenne puissance en mesure d’envoyer à distance sa propre voix. Étant donné qu’à  la sortie d’un étage oscillateur la puissance prélevée est toujours dérisoire, pour rendre le signal puissant il faut l’amplifier, mais pour  ce  faire  on  doit  connaître,  au préalable, tous les procédés à mettre en  œuvre  pour  réaliser  des  étages amplificateurs HF efficaces.

Si  nous  avons  un  étage  oscillateur fournissant à sa sortie une puissance de 0,05 W et si nous l’appliquons à un transistor devant l’amplifier 6,31 fois, sur  son  collecteur  nous  aurons  une
puissance de :


0,05 x 6,31 = 0,315 W


Si cette puissance est insuffisante, il est nécessaire d’ajouter un deuxième transistor et, s’il amplifie aussi de 6,31 fois,  nous  aurons  sur  son  collecteur une puissance de :


0,315 x 6,31 = 1,987 W


Si nous  voulons ensuite encore augmenter  la  puissance,  nous  devrons ajouter  un  troisième  transistor  et, s’il amplifie aussi de 6,31  fois, nous aurons à la sortie une puissance de :


1,987 x 6,31 = 12,53 W
(voir figure 387)


Note : comme le montre le tableau 22, un gain de 6,31 correspond à une aug-mentation de puissance de 8 dB.


Cependant, pour amplifier un signal HF, il ne suffit pas, comme en BF, de prélever le signal de collecteur d’un transistor puis de l’appliquer, à travers un condensateur, à la base d’un transistor amplificateur : en effet, si l’on n’adapte pas l’impédance du signal prélevé sur le collecteur à l’impédance de base du transistor amplificateur, des pertes importantes se produisent.


Que signifie adapter une impédance ?

Comme  le montre  le  tableau 20,  l’impédance  de  base  et  l’impédance  de collecteur  d’un  transistor  changent avec la puissance.

Note : ce tableau, bien que purement indicatif, sert à montrer que l’impédance de base d’un transistor HF est toujours inférieure à celle de son collecteur. Ces valeurs sont approximatives car l’impédance varie d’un transistor à un autre en fonction de la tension d’alimentation et de la fréquence de travail.


Etant  donné  que  ces  impédances  ne sont jamais données dans les tables de caractéristiques  des  transistors,  vous voudrez sans doute savoir comment les calculer. On peut trouver avec une bonne approximation l’impédance de collecteur grâce à la formule :

Z ohms = [(Vcc x Vcc) : (W + W)]



où Z est l’impédance en ohms, Vcc la tension maximale acceptée par le collecteur du  transistor, W  la puissance maximale que peut fournir le transistor.

Donc  si  un  transistor  alimenté  avec une  tension maximale de 18 V  fournit une puissance HF de 7 W, l’impédance de son collecteur sera d’environ :


[(18 x 18) : (7 + 7)] = 23 ohms


Si  un  autre  transistor  alimenté  avec une  tension maximale de 15 V  fournit une puissance HF de 7 W, l’impédance de son collecteur sera d’environ :


[(15 x 15) : (7 + 7)] = 16 ohms


Précisons  que  l’impédance  de  collecteur  ne  varie  pas  seulement  avec  la tension d’alimentation, mais aussi avec la  fréquence  de  travail.  Étant  donné qu’on  n’explique  en  général  pas  comment faire pour adapter deux impédances  différentes,  on  voit  pourquoi  ceux
qui passent de la BF à la HF ne peuvent comprendre pour quelle  raison, quand on amplifie un  signal HF,  la puissance au lieu d’augmenter diminue !


Afin  de  vous  expliquer  ce  qu’adapter une  impédance  signifie,  prenons  une comparaison  hydraulique :  comparons le transistor à un réservoir dont l’entrée est  un  tube  de  petit  diamètre  (basse impédance) et dont la sortie est un tube de gros diamètre (haute impédance).
Il  va  de  soi  que  si  l’on  abouche, comme  le montre  la  figure 391, une sortie de gros diamètre à une entrée de petit diamètre, afin de transvaser un liquide, une bonne quantité de ce liquide sera perdue. Pour éviter cette perte, la solution idéale serait d’utiliser des tubes de mêmes diamètres, mais comme ce n’est pas possible,  il  faut se procurer des  raccords permettant d’aboucher  deux  tubes  de  deux  diamètres  différents,  comme  le montre la figure 392.






En HF un  raccord  capable d’adapter une  basse  impédance  à  une  haute impédance ou vice versa, est constitué de deux condensateurs ajustables et d’une self, comme le montrent les figures 393 et 394. Les deux condensateurs ajustables C1 et C2 “regardent” toujours vers l’impédance la plus haute et la self L1 vers la plus basse.

Pour savoir combien de puissance on perdrait en présence d’une désadap-tation d’impédance, on peut utiliser la formule :

[(Z supérieure : Z inférieure) x 2] – 1


où Z est l’impédance en ohms.


Si  nous  reprenons  le  schéma  de  la figure 387 permettant d’obtenir en sortie une puissance d’environ 12,53 W et  si  nous  le montons  sans  adapter l’impédance du collecteur et celle de
la base du transistor amplificateur suivant, nous pouvons calculer combien de puissance est perdue.


Si  l’impédance  de  sortie  de  l’étage oscillateur  est  de 130  ohms  et  si  le signal  est  appliqué  sur  la  base  d’un premier  transistor de 1 W ayant une impédance d’environ 70 ohms, ce que
nous reportons ci-dessous :


puissance max. du transistor = 1 W
impédance base = 70 ohms
impédance collecteur = 110 ohms


nous aurons une désadaptation de :


[(130 : 70) x 2] – 1 = 2,7


Si  nous  relions  la  sortie  de  ce transistor,  ayant  une  impédance  de 110 ohms,  à  la  base  d’un  transistor en mesure de  fournir une puissance maximale  de 2 W,  comme  le montre la  figure  397,  en  consultant  le tableau 20 nous  lisons  les  impédances suivantes :



puissance max. du transistor = 2 W impédance base = 36 ohms impédance collecteur = 60 ohms

Si nous  relions  les 110  ohms du  premier transistor à une impédance de 36 ohms,  soit  l’impédance  du  deuxième transistor, nous obtenons  la désadaptation d’impédance suivante :


[(110 : 36) x 2] –1 = 5,11


Si ensuite nous ajoutons un  troisième transistor  en  mesure  de  fournir  une puissance  maximale  d’environ  15  W, en  consultant  le  tableau  20  nous lisons les impédances suivantes :


puissance max. du transistor = 15 W impédance base = 5 ohms impédance collecteur = 8 ohms

 
Si  nous  relions  le  collecteur  du deuxième  transistor,  ayant  une  impédance  de  60  ohms,  à  la  base  de  ce troisième  transistor,  ayant  une  impédance de 5 ohms, nous obtenons une désadaptation de :


[(60 : 5) x 2] – 1 = 23.


Si  maintenant  nous  consultons  le tableau 21, où dans la deuxième colonne est  indiqué  par  quel  nombre multiplier la puissance fournie pour trouver la puissance obtenue en présence d’une désadaptation d’impédance, nous avons :







désadaptation 2,7 = x 0,211
désadaptation 5,1 = x 0,445
désadaptation 23 = x 0,840


Note :  étant  donné  que  dans  le tableau  21  on  ne  trouve  pas  5,1, nous avons pris 5.
 
  Sachant qu’à la sortie de l’étage oscillateur une puissance de 0,05 W est disponible, en présence d’une désadaptation d’impédance de 2,7 nous perdons une puissance d’environ :

0,05 x 0,211 = 0,01 W


et  donc  sur  la  base  du  premier  transistor  n’arrive  plus  la  puissance  de 0,05 W, mais seulement :


0,05 – 0,01 = 0,04 W


Étant donné que  ce premier  transistor amplifie  le signal appliqué sur sa base  6,31  fois,  nous  prélevons  sur son collecteur une puissance de :


0,04 x 6,31 = 0,252 W









Si  nous  relions  la  sortie  de  ce  premier transistor, fournissant une puissance de 0,252 W, à la base du deuxième transistor, ayant une impédance de 36 ohms, nous perdons une puissance de :

0,252 x 0,445 = 0,112 W


et donc  sur  la base de  ce deuxième transistor  arrive  une  puissance  de seulement :


0,252 – 0,112 = 0,14 W


Étant donné que ce deuxième  transistor  amplifie  le  signal  appliqué  sur  la base de 6,31  fois, nous prélevons sur son collecteur une puissance de :


0,14 x 6,31 = 0,883 W


Si nous relions la sortie de ce deuxième transistor, fournissant une puissance de 0,883 W,  à  la  base  du  troisième  transistor, ayant une impédance de 5 ohms, nous perdons une puissance de :


0,883 x 0,840 = 0,741 W


et  donc  sur  la  base  de  ce  troisième transistor  arrive  une  puissance  de seulement :


0,883 – 0,741 = 0,142 W



Étant donné que ce troisième transistor amplifie  le signal appliqué sur  la base de  6,31  fois,  nous  prélevons  sur  son collecteur une puissance de :

0,142 x 6,31 = 0,896 W


Avec  cet  exemple  nous  venons  de démontrer  que  si  l’on  n’adapte  pas parfaitement  l’impédance  du  collecteur d’un transistor à l’impédance de base  du  transistor  amplificateur,  on
a  des  pertes  de  puissance  élevées et,  en  effet,  à  la  sortie  du  troisième transistor, au lieu d’obtenir une puissance de 12,53 W, comme le montre la  figure  387,  on  n’a  que  0,896 W,
comme le montre la figure 397.
Toutes  ces  opérations  constituent  des calculs  que  vous  ne  pourrez  jamais faire, car vous ne connaîtrez  jamais ni les  impédances  de  base  et  de  collecteur ni des tas d’autres paramètres. Par exemple, les capacités internes du transistor variant selon la fréquence de travail,  les  capacités  parasites  du  circuit imprimé et du dissipateur, etc. Tous ces problèmes  sont  résolus  par  les  deux condensateurs ajustables C1 et C2 des filtres que montrent  les  figures 393 et
394 :  une  fois  réglés,  ils  permettent d’adapter parfaitement l’impédance de collecteur,  inconnue, à  l’impédance de base, inconnue également.



Relier un collecteur à la base d’un transistor amplificateur

Si l’on jette un coup d’œil sur le tableau 20, on  voit  que  l’impédance  de  collecteur d’un  transistor est  toujours plus élevée que  l’impédance  de  base  du  transistor utilisé pour amplifier le signal HF. Même si nous ne connaissons pas l’impédance de collecteur ni celle de la base, il suffit, pour les adapter, de relier le filtre comme le montre  la  figure  398.  Au  collecteur, ayant une impédance supérieure, on relie C1 et à la base du transistor amplificateur on relie L1.


Pour savoir quand ces deux impédances sont parfaitement adaptées, on procède de manière expérimentale. En série avec le  collecteur du  transistor amplificateur on relie un milliampère mètre, comme le montre  la  figure 399, puis on  règle  les deux condensateurs ajustables C1 et C2 jusqu’à trouver la capacité pour laquelle le transistor consomme le courant maximum.  Si  l’on  reprend  la  comparaison hydraulique,  qu’illustre  la  figure  392, nous pouvons dire que C1 sert à adapter le  filtre au diamètre supérieur et C2 au
diamètre inférieur.


La self L1 reliée à la base sert à accorder la fréquence de travail. En effet, comme nous  l’avons vu ensemble à propos de l’oscillateur  à  quartz  EN5038,  si  cette


self n’a pas  la valeur d’inductance en µH  requise,  au  lieu  de  s’accorder  sur la  fréquence  fondamentale  elle  peut le faire sur une fréquence harmonique, c’est-à-dire  une  fréquence  double  de la fondamentale. Cette caractéristique ne  peut  d’ailleurs  être  exploitée  que dans le cas où l’on souhaite doubler la fréquence prélevée à  la sortie de  l’oscillateur. Par exemple pour émettre sur la fréquence de 96 MHz nous pouvons utiliser un quartz de 48 MHz oscillant sur 24 MHz puis régler le premier filtre sur la fréquence de 24 + 24 = 48 MHz et les deuxième et troisième filtres sur 48 + 48 = 96 MHz, comme le montre la figure 400.

Or calculer l’inductance d’un filtre adaptateur  est  difficile  car  on  ne  connaît presque jamais les impédances de collecteur et de base des  transistors utilisés. Pour résoudre ce problème, au lieu de  perdre  du  temps  dans  des  calculs complexes, même  les spécialistes utilisent une méthode expérimentale beaucoup plus  simple  et bien plus précise.
En  fait  on  part  d’un  filtre  constitué de  deux  condensateurs  ajustables  de 500 pF et d’une self de 20 spires de fil de cuivre de 1 mm de diamètre bobiné sur un diamètre de 12 à 15 mm.


Quand  on  tourne  les  axes  des  condensateurs  ajustables  le  transistor  à un  moment  se  met  à  consommer  un courant maximal,  comme  le montre  la figure 399.  Si  ce  n’est  pas  possible, on  réduit  le  nombre  de  spires  à  18, 15,  etc.  Supposons  qu’avec  6  spires et avec C1 et C2 à environ 100 pF on réussisse  à  faire  consommer  un  courant maximal  au  transistor,  on  réalise un second filtre en montant une self de 6 spires et deux condensateurs ajustables de 100 pF.


Si  vous  voulez  monter  un  émetteur quel qu’il soit, vous n’aurez pas à faire cette  manipulation,  car  la  liste  des composants  indiquera  la capacité des deux  condensateurs  ajustables  et  le nombre de spires de la self.


Adapter un transistor final à une impédance normalisée de 50 ou 75 ohms.

Le  tableau 20 montre que  l’impédance de  collecteur  d’un  transistor  est  toujours  inférieure aux 50 ou 75 ohms du câble  coaxial  allant  à  l’antenne  émettrice. Même si nous ne connaissons pas l’impédance  de  collecteur  du  transistor utilisé, nous savons déjà qu’elle doit être augmentée et pour ce faire il est nécessaire de relier le filtre comme le montre la figure 401. En fait nous devons relier L1 au collecteur et C1 à  la sortie. Pour savoir  si  notre  filtre  peut  adapter  la basse  impédance  du  collecteur  à  une impédance de sortie de 50 à 51 ohms, il suffit de  relier à  la sortie  la sonde de charge  EN5037.  Cette  sonde  accepte une puissance maximale d’entrée de 1 W et donc, pour mesurer une puissance supérieure,  il est nécessaire de remplacer les deux résistances d’entrée de 100 ohms 1/2 W par d’autres de plus grandes puissances, mais ayant toujours une valeur ohmique de 50 à 51 ohms.


Par  exemple  pour  mesurer  une  puissance maximale de 5 W nous pouvons relier en parallèle  trois  résistances au carbone  de  150  ohms  2 W,  en  effet : 150 :  3  =  50  ohms.  On  ne  peut  pas exclure,  à  cause  des  tolérances,  que le  résultat  effectif  final  soit  de 49  ou 51  ohms, mais  cela  ne  constitue  pas un problème. Par contre ne remplacez jamais  les résistances au carbone par des  résistances à  fil :
































 










étant  inductives leur impédance n’est nullement égale à leur résistance ohmique !

L’impédance de collecteur n’étant pas connue,  ni  la  capacité  parasite  du circuit imprimé et du dissipateur, etc., la valeur de L1 en µH n’est pas facile à  calculer,  aussi,  procèderons-nous par  méthode  expérimentale.  En  fait on doit réaliser un filtre formé de deux condensateurs ajustables de 500 pF et d’une self de 20 spires de fil de cuivre de 1 mm sur un diamètre de 10 à 12 mm.  Si  nous  tournons  les  axes  des condensateurs  ajustables  nous  obtenons en sortie une tension maximale, comme  le montre  la  figure 401. Si  le multimètre indique une tension moindre que celle correspondant à la puissance requise,  nous  devons  réduire  expérimentalement  le nombre de spires. Si la tension maximale s’obtient avec 10 spires et deux capacités de 80 pF, nous devons faire un second filtre avec une self de 10 spires et deux condensateurs ajustables de 100 pF.


Plus  la  tension  lue  est  élevée,  plus importante  est  la  puissance HF  pré-levée  à  la  sortie  du  transistor.  Vous savez  que  la  formule  permettant  de la calculer est :


Weff = [(V x V) : (R + R)]


où V est  la tension mesurée sur  le mul-timètre  relié à  la sonde de charge, R  la valeur ohmique de la résistance d’entrée de  la sonde. Si elle est de 50 ohms,  la formule peut être simplifiée :


Weff = [(V x V) : 100]


Donc  si  sur  le multimètre nous  lisons 17,5  V,  c’est  que  le  transistor  fournit une puissance d’environ :


[(17,5 x 17,5) : 100] = 3 W


Si en revanche sur le multimètre nous lisons 20 V, c’est que le transistor fournit une puissance d’environ:


 [(20 x 20) : 100] = 4 W


Pour calculer la puissance HF que peut fournir un  transistor  final, on utilise  la formule (voir figure 403) :

W = (mA x V) : 1 000


mais  étant  donné  que  le  rendement d’un transistor ne dépasse jamais 80 % de  la  puissance  consommée,  la  puissance en W est multipliée par huit.


Donc  si  nous  avons  un  transistor alimenté  en  12  V  et  consommant 420 mA,  il  doit  théoriquement  fournir une puissance de :


(420 x 12) : 1 000 = 5,04 W


Comme  le  rendement est de 80 %,  la puissance réelle obtenue est de :


5,04 x 0,8 = 4 W


Le transistor amplificateur de puissance

Pour élever  la  faible puissance  fournie par un étage oscillateur, avant de choisir  un  transistor  amplificateur  il  est nécessaire de connaître ces données :
1°-  fréquence  maximale  de  travail en MHz
2°- puissance maximale de sortie en W
3°- tension maximale à appliquer sur le collecteur
4°- gain maximal du transistor en dB


La fréquence de travail

 
Le transistor à utiliser doit être choisi avec une fréquence de coupure supérieure à la  fréquence à amplifier.  La  fréquence de coupure est  la fréquence  limite que le  transistor  peut  amplifier. Donc  pour amplifier une  fréquence de 30 MHz,  il faut choisir un transistor ayant une fréquence de  coupure d’environ 60 à 70 MHz. Pour  amplifier  une  fréquence  de 100 à 150 MHz,  il faut choisir un transistor ayant une  fréquence de coupure d’environ 200 à 300 MHz.


La puissance de sortie


Parmi les spécifications d’un transistor HF devrait toujours figurer la puissance HF en W qu’il est capable de fournir (“Ouput Power”).  Ne  confondez  pas  “l’Output Power” et la “Total Device Dissipation”, en W aussi, qui est la puissance maximale que peut dissiper sous forme de chaleur
le  boîtier  du  transistor.  Pour  avoir  une bonne marge de sécurité, il faut toujours choisir un transistor pouvant fournir une puissance  supérieure  à  celle  requise. Pour prélever une puissance de 3 W,  il faut toujours choisir un transistor capable de fournir une puissance maximale de 4 à 5 W. Dans le cas d’un transistor de 3 W, si pour une raison quelconque la puissance de sortie fournie dépassait 3,5 W, le transistor risquerait d’être détruit en quelques  secondes. Pour  prélever une
puissance de 3 W, nous pouvons aussi choisir un transistor de 15 à 20 W car il ne sera pas détruit même si par accident la charge de sortie était coupée. Si vous choisissez un transistor de 15, 20 ou 30 W, ne comptez pas prélever à sa sortie de telles puissances, car tout dépend de son gain en dB et de la puissance appliquée sur sa base.


La tension de travail

Cette  donnée  nous  indique  quelle tension  maximale  nous  pouvons appliquer sur  le collecteur d’un  transistor HF sans l’endommager. Comme vous  le  verrez,  certains  transistors peuvent  être  alimentés  par  des  tensions  de  15  à  18  V  et  d’autres,  par des tensions de 24 à 30 V.


S’il  est  modulé  en  fréquence  (FM), tout  type de  transistor peut être utilisé pourvu que sa tension d’alimentation ne soit pas dépassée : donc un transistor de 18 V peut être alimenté avec une tension maximale de 18 V et un transistor de 30 V avec une tension maximale de 30 V. En
revanche  s’il est modulé en amplitude (AM), on ne doit utiliser qu’un transistor pouvant être alimenté avec une tension de 24 à 30 V, cependant sur son collecteur  il  est  nécessaire  d’appliquer  une tension égale à  la moitié de  la  tension de travail maximale. Donc un transistor
dont la tension maximale est de 24 V sera alimenté en 12 V et un transistor de 30 V en 15 V. La raison en est la suivante : quand un transistor est modulé en AM, le signal BF s’ajoute au signal HF et donc la tension présente sur le collecteur est doublée, comme le montre la figure 406.




Le gain en dB
 
Cette donnée, toujours en dB, sous le nom de “Gain Power HF” ou Gpe, indique de combien de fois est amplifiée la puissance appliquée sur la base d’un transistor HF. Si nous avons deux transistors capables de fournir tous deux une puissance de 20 W :


transistor de 20 W – Gpe 7 dB
transistor de 20 W – Gpe 12 dB


pour savoir quelle différence il y a entre eux, il suffit de consulter le tableau 22 des dB et trouver, deuxième colonne, le nombre par lequel il faut multiplier la puissance appliquée sur les bases.


Si nous relions le transistor de 20 W, ayant un gain de 7 dB, à la sortie d’un étage oscillateur fournissant 0,05 W, comme le montre la figure 407, nous prélevons sur son collecteur une puissance maximale de : 


0,05 x 5 = 0,25 W.


Si nous relions le transistor de 20 W, ayant un gain de 12 dB, à la sortie de l’étage oscillateur, comme le montre la figure 408, nous prélevons sur son collecteur une puissance maximale de : 


0,05 x 15,87 = 0,79 W.


Le gain en dB nous permet de connaître aussi quelle puissance en W on doit appliquer à la base du transistor pour obtenir  en  sortie  la  puissance maximale. Dans le cas du transistor de 20 W ayant un gain de 7 dB  (voir  figure 409),  pour  obtenir  en  sortie  cette puissance, nous devons appliquer sur la base un signal de 20 : 5 = 4 W. 



Dans le cas du transistor de 20 W ayant un gain de 12 dB (voir figure 410), pour obtenir en sortie cette puissance, nous devons appliquer sur la base un signal de  20 :  15,87  =  1,26 W.  Vous  l’avez
compris, plus grand est le gain en dB, moindre doit être  la puissance appliquée sur la base pour obtenir en sortie la puissance maximale.


Si sur  la base du  transistor ayant un gain de 7 dB nous appliquons un signal de  1,26 W,  sur  son  collecteur  nous prélevons une puissance de 1,26 x 5 = 6,3 W. Si sur  la base du  transistor ayant  un  gain  de  12  dB  nous  appliquons un signal de 4 W, sur son collecteur nous prélevons une puissance de 4  x 15,87 = 63,48 W  (voir  figure 411). Or on sait que ce  transistor ne peut fournir plus de 20 W, donc si nous appliquons sur sa base cet excès de puissance, nous le mettrons aussitôt
hors d’usage. 


En  effet,  comparons  un  transistor  à une lampe et la puissance de pilotage à la tension qu’il faut appliquer à son filament : il est évident que si nous alimentons une lampe de 12 V avec une tension supérieure elle grillera.


Les ultimes conseils


À l’extrémité de la self correspondant au collecteur (voir figure 414) se trouvent toujours plusieurs condensateurs reliés à  la masse. Les extrémités de ces  condensateurs  ne  sont  jamais reliées  à  une masse  quelconque  du circuit  imprimé,  mais  toujours  à  la piste  de  masse  à  laquelle  est  connecté  l’émetteur du  transistor amplificateur,  comme  le  montre  la  figure 415. En effet, si nous connections l’un de ces condensateurs à une piste de masse  quelconque,  tous  les  résidus
HF pourraient atteindre  les bases ou les collecteurs des autres transistors amplificateurs, ce qui aurait pour effet de  produire  des  battements  ou  des auto-oscillations. 


Vous  l’avez  compris,  ces  condensateurs servent à décharger à la masse tout  résidu  de  HF  présents  après  la self.




Vous  voyez  qu’au  lieu  d’utiliser  un seul condensateur pour décharger ces résidus, on en utilise toujours deux ou trois de différentes capacités et reliés en parallèle, par exemple 100 nF, 1 nF, 100  pF,  comme  le  montre  la  figure 414 :  pourquoi  cela ?  Revoyez  parmi es  premières  leçons,  celle  où  nous évoquons  la  réactance  des  condensateurs : leur XC en ohm varie avec la capacité et aussi avec la fréquence de travail selon la formule :

XC ohm = [159 000 : (MHz x pF)].



Donc dans  le cas de  trois condensateurs, un de 100 pF, un de 1 000 et un de 100 000 pF, utilisés pour décharger à la masse toutes les fréquences résiduelles, ceux-ci se comportent comme
s’ils étaient des résistances de valeurs ohmiques suivantes :


100 pF = XC, soit 53 ohms
1 000 pF = XC, soit 5,3 ohms
100 000 pF = XC, soit 0,053 ohm.


De prime abord on pourrait penser que le seul condensateur de 100 nF, dont la  XC  est  dérisoire,  0,053  ohm  seulement,  est  plus  que  suffisant  pour décharger à la masse n’importe quel
résidu HF. Mais en fait un condensateur  a  une  ESR  ou RES  (“Equivalent Serie Resistance” ou Résistance Equivalente Série), c’est-à-dire une résistance théorique placée en série avec
la capacité du condensateur, comme le montre la figure 417. 


Cette valeur ohmique ESR augmente avec la capacité comme ci-dessous :


100 pF = ESR, soit 0,053 ohm
1 000 pF = ESR, soit 5,3 ohms
100 000 pF = ESR, soit 53 ohms.


Note : les valeurs ohmiques ESR données  sont  théoriques  et  ne  servent qu’à démontrer qu’un condensateur de capacité élevée a une ESR supérieure à celle d’un condensateur de moindre capacité.


Par  conséquent un  condensateur de 100  nF  ayant  une  ESR  de  53  ohms offre  une  résistance  supérieure  à  la HF par rapport à un condensateur de 100 pF ayant une ESR de 0,053 ohm
seulement.  En  mettant  en  parallèle deux ou plusieurs  condensateurs de différentes capacités, chaque  résidu HF qui n’est pas déchargé à la masse par le condensateur de capacité supérieure à cause de son ESR élevée,  le sera par le condensateur de capacité plus  faible mais ayant une ESR plus faible également. 


Tous les condensateurs à utiliser pour décharger à  la masse  les  résidus HF doivent  avoir  une  tension  de  travail au  moins  égale  à  100  V.  Des  condensateurs  de  tensions  inférieures
surchaufferaient, ce qui engendrerait des pertes de puissance.


Conclusion et à suivre

Ajoutons pour conclure que le transistor  final de puissance ne doit  jamais fonctionner  sans  charge  et  donc  à sa sortie on devra toujours relier une sonde de  charge de 50 ou 75 ohms
ou bien un câble coaxial acheminant le signal vers l’antenne émettrice. 


Si aucune charge n’est présente à la sortie, en quelques secondes de fonctionnement le transistor sera détruit.


Enfin,  pour  vous  démontrer  que  la haute fréquence n’est finalement pas si difficile que cela, nous vous ferons monter, au cours de la partie suivante, un petit émetteur 27 MHz AM (gamme CB) et vous verrez que vous réussirez à le faire fonctionner sans rencontrer aucune difficulté. 


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